Il y a dix ans, les attentats de Charlie Hebdo bouleversaient la France. Trois ans plus tard, Mikhaël Hers décide d’aborder cette tragédie dans Amanda, un film qui, même des années après sa sortie, continue de résonner profondément et de rendre hommage à une période sombre de notre histoire collective.
Vincent Lacoste et Isaure Multrier incarnent un duo de survivants, liés par un deuil déchirant : ils ont perdu une proche dans une attaque terroriste et tentent, chacun à leur manière, de retrouver un semblant d’équilibre. David, un jeune homme de 24 ans, doit subitement assumer le rôle de tuteur pour Amanda, sa nièce devenue orpheline, tout en affrontant ses propres blessures et un passé qu’il n’a pas encore réussi à apaiser.
Mikhaël Hers filme Paris avec une approche classique : des trajets à vélo dans les rues, des plans contemplatifs des toits de la capitale. Ce choix, bien que peu innovant, sert efficacement l’immersion dans le quotidien des personnages. La scène où les protagonistes découvrent l’attentat est particulièrement glaçante. L’horreur frappe avec une force brute, laissant place à l’incompréhension, à une panique sourde, et à cet état de torpeur qui enveloppe la ville et ses habitants des jours, voire des années durant.
C’est dans ces moments d’émotion brute que le film excelle. Hers sait capter les états d’âme de ses personnages avec subtilité, en s’appuyant sur leurs regards, leurs gestes et ces silences chargés de sens.
Cependant, le film souffre de quelques maladresses. Certaines répliques sonnent peu naturelles, comme cet échange sur les ortolans : « Au fait, c’est quoi un ortolan ? » – « Bah, c’est un oiseau ! » – « Ah bon ? » Cette simplicité un peu naïve manque de crédibilité et fait décrocher.
De plus, l’absence de ressemblance entre Vincent Lacoste et Ophélia Kolb, qui joue sa sœur, renforce une sensation de “fausse histoire”. Si la lignée féminine du casting fonctionne bien, ce détail visuel nuit à l’authenticité du film.
Amanda m’a touchée profondément sans m’ennuyer, mais il m’a laissé sur ma faim. J’aurais aimé ressentir davantage, être submergée par des vagues plus intenses de tristesse et d’horreur. Le film, dans sa retenue, choisit de ne pas sombrer dans le mélodrame, ce qui est tout à son honneur. Mais cette pudeur limite peut-être son impact émotionnel.
Malgré ces réserves, je recommande vivement Amanda. Ce film aborde un sujet délicat avec sobriété et une sincérité palpable. Il offre un regard sensible sur la résilience et les liens familiaux.
Amanda, de Mikhaël Hers, 2018. 1h47, disponible sur Canal+.